Toxicomanie et détresse mentale dans le quartier nord à Bruxelles : "un espace de consommation à moindres risques est nécessaire dans ce quartier"
Les services de police, de prévention, de santé et l’associatif de la zone nord s’allient pour mieux comprendre les enjeux du quartier.
- Publié le 17-04-2024 à 18h38
Le 10 novembre 2022, Thomas Montjoie, policier de la zone Bruxelles-Nord, était assassiné dans l’exercice de ses fonctions dans le quartier nord de Bruxelles. L’homme qui l’a tué s’était présenté peu avant au commissariat de police du quartier, annonçant ses intentions. Il aurait dû, normalement, être mis sous le coup d’une procédure dite “Nixon”, réservée aux personnes souffrant troubles mentaux et menant à une mise sous observation médicale contrainte.
Cette affaire portait au jour les soucis de santé mentale pour bien des individus du quartier nord, intrinsèquement liés à la précarité et la consommation de drogues. Un an plus tard commençait alors un travail collectif entre les différents services de police, de prévention, du secteur associatif et de la santé. “Ce diagnostic est le bienvenu dans le climat actuel, avançait d’abord Eric Husson, directeur du projet Lama, qui accompagne les toxicomanes en milieu urbain. L’ensemble des acteurs s’accordent pour dire qu’un espace de consommation à moindres risques est nécessaire dans ce quartier." Un hub social multidisciplinaire dans la gare où différents acteurs pourraient se rencontrer serait le bienvenu également.
Des chiffres en augmentation
Entre 2022 et 2023, la police a constaté, dans le quartier Nord, une augmentation de 18 % de PV s’inscrivant dans le cadre d’une procédure Nixon. Une procédure chronophage pour les équipes et pas toujours spécialement adaptée, d’autant plus que les appels à la police impliquant une question de santé ont augmenté de 27 % entre 2022 et 2023. "La réponse policière est temporaire, voire parfois superficielle”. C’est notamment pourquoi “il faut renforcer les psychologues de première ligne dans le quartier, appuie Joachim Donner de Psybru. Ça peut permettre de répondre aux problématiques de santé mentale et de démystifier la question auprès des habitants des habitants du quartier.”
Des réponses qui demandent une myriade de solutions variées et complémentaires recommandées par les auteurs du diagnostic. L'accès au logement apparaît comme une priorité. Latitude Nord, qui travaille avec des personnes en situation de grande précarité, note que 75 % de son public vit en rue, et que 68 % de celui-ci ont des problèmes de santé mentale.
“Il faut multiplier les solutions de logement, admet la bourgmestre f.f. Cécile Jodogne (Défi). Dans le cadre du contrat de quartier Petite Coline, il y avait quatre immeubles à l’abandon que la commune a rachetés. Mais on a aussi recensé 38 immeubles surdensifiés.” En clair, l’option des immeubles à réaffecter n’est que minime face à celle des marchands de sommeil. “L’enjeu du logement est fondamental, assure encore Eric Husson. Mais il va falloir inventer des solutions de logement adaptées au statut administratif des personnes.” Comprendre : les sans-papiers. Tous les acteurs l’ont dit : la solution sera transversale.